« Sombre éclat » de Jean-Marie Quéméner

Et si, au lieu de froidement tirer une balle dans la tête d'un tirailleur sénégalais devenu capitaine, un officier de la Wehrmacht avait pris le temps de dialoguer avec lui ? C'est cette rencontre imaginaire que Jean-Marie Quéméner met en scène.

L'histoire de ce roman débute avec la lecture d'un article de journal consacré à Charles Ntchorere. C'est ainsi que Jean-Marie Quéméner apprend l'existence de celui qui deviendra le personnage principal de son livre : « C'est un grand héros de la Première Guerre mondiale, multi décoré. Il a fait l'école des officiers de Fréjus, ce qui pour un indigène est rare. Il finit capitaine, ce qui est encore plus rare. Et c'est un des seuls qui a réussi à tenir trois jours en pleine Débâcle française devant l'avancée des troupes allemandes. Il est mort pour la patrie et il est panthéonisable au possible. »

L'histoire se poursuit quand un ami de l'écrivain lui suggère d'imaginer un dialogue, une rencontre impossible entre deux personnes. Et c'est là que surgit le postulat du livre : si, au lieu de tuer froidement Charles Ntchorere, l'officier de la Wehrmacht qui l'a abattu avait pris le temps de discuter avec lui ? Et si - allons encore plus loin - leur différence de couleur de peau n'était pas entrée en ligne de compte ?

« Imaginez qu'on se parle tous en étant aveugle, ou qu'on ait tous une espèce de déficience visuelle qui nous interdirait de voir la couleur de l'autre. Est ce qu'on n'aurait pas deux ou trois idées reçues qui tomberaient immédiatement ? » interroge Jean-Marie Quéméner, dans ce roman aux dialogues très ciselés.

« Sombre éclat » aux Editions Plon, c'est donc la rencontre - et c’est ainsi qu’ils le disent eux mêmes - entre un singe et un Schleu, un dialogue entre deux hommes et deux intelligences au milieu du chaos et du fanatisme.