La sagesse d’Amin Maalouf

L’écrivain, membre de l’Académie française, fait la route sur le 107.7, l'occasion de parler avec lui de son nouveau roman « Nos Frères Inattendus », du Liban, son pays d’origine, de l'année 2020 marquée par la pandémie, et de l'année à venir.

Si la force d’un écrivain est de sentir l’air du temps, Amin Maalouf démontre dans « Nos Frères Inattendus » son inégalable sagesse. Le roman s’ouvre sur un black-out général. Que s’est-il passé ? Alors qu’une guerre nucléaire était imminente, cette interruption des communications et de l’électricité a finalement une autre source : c’est une civilisation issue de la Grèce Antique qui s’est développée en parallèle de la nôtre qui entre en scène : « Ce ne sont pas des extra-terrestres mais des humains comme vous et moi, qui ont évité les erreurs de nos civilisations. Ils ont vécu un peu cachés, en développant certaines sciences mieux que nous, notamment la médecine, en développant quelques valeurs morales probablement meilleures que les nôtres. Et en gardant un œil sur nous pour intervenir le jour où nous serions complètement perdus ».

Et nous aurions bien besoin du renfort de ces frères inattendus imaginés par Amin Maalouf, après une année 2020 marquée par une pandémie et une catastrophe au Liban, le pays de l’écrivain. « Vous savez que le Liban est un pays qui souffre beaucoup. Il y a une crise financière extrêmement grave. Le pays est au bord de la faillite. Il y a des dizaines d’années de guerres, de conflits, d’attentats. Et là, il se passe quelque chose en plus. On se dit que c’est incroyable (…). On est assommé. Je l’ai été. C’était un événement inoubliable ».

Y-a-t-il tout de même des raisons d’être optimistes, pour cette nouvelle année ? « Oui, il y en a une. Nous n’avons jamais eu l’occasion d’avoir un moment d’arrêt pour la planète entière. C’est comme si on nous disait de réfléchir, de penser à la vie, au fonctionnement du monde, de penser à ce qu’il faut changer (…). J’ai envie de croire que ce qui est arrivé en 2020 est un avertissement. Et c’est peut-être notre chance », conclut Amin Maalouf. Puisse-t-il être entendu.