''La beauté des ruines'' de Barbara Israël
Antoine et Moïse ont passé leur vie à célébrer la nuit et l’insouciance. Mais à 50 ans, le corps fatigue, la fête n’a plus la même saveur et le monde semble leur échapper. Dans son nouveau roman, l'autrice raconte avec finesse cette confrontation brutale entre une existence rythmée par l’excès et la réalité du temps qui passe.
Dernière modification : 09/02/2025 07:38

Antoine et Moïse ne sont pas simplement des noctambules. Ils ont fait de la fête une philosophie, un mode de vie. « Ce n’est pas juste s’enivrer pour oublier, c’est un espace où l’on peut se réinventer, où les masques tombent et où l’on peut dire n’importe quoi, mais dans ce n’importe quoi surgit une vérité », décrit Barbara Israël.
La nuit leur a permis de construire une bulle hors du monde, loin des conventions sociales. Pas de travail, pas d’enfants, un quotidien en marge des attentes traditionnelles. Mais à mesure que les années passent, cette insouciance devient une prison. « Ils avaient l’illusion de vivre dans une éternité et n’ont pas vu le temps passer », constate l’auteure.
À 50 ans, le corps fatigue et la société les renvoie à leur marginalité. « Non, on ne peut pas vivre à 50 ans comme à 20 ans », tranche Barbara Israël. Ce constat brutal plonge le couple dans le doute : comment continuer à exister quand leur univers, autrefois foisonnant, se délite ?
Le titre du roman, inspiré d’une citation de Fernando Pessoa, illustre cette réflexion. « Les ruines sont la preuve que quelque chose a existé, qu’un rêve a été vécu. Mais elles nous rappellent aussi que tout finit par s’effondrer », explique-t-elle. La question qui se pose alors est celle de la réinvention : comment rebâtir après avoir tout misé sur l’instant ?
La ville lumière, autrefois leur terrain de jeu, ne leur appartient plus. « Paris est devenu trop lisse, trop confortable, elle a perdu son imagination et sa fantaisie », confie Barbara Israël. Antoine et Moïse tentent alors une fuite vers Athènes, un décor plus brut, où le chaos semble encore possible. Mais cette échappatoire suffira-t-elle à leur offrir une seconde jeunesse ?
Avec ‘‘La beauté des ruines’’, paru chez Flammarion, Barbara Israël livre un roman d’une grande sensibilité sur la difficulté de voir ses illusions s’effriter. Un texte mélancolique, porté par une écriture rythmée par la musique et la poésie du rock, qui interroge sur la beauté et la fragilité des moments vécus.