« Tous immortels » de Paul Pavlowitch

L'affaire Romain Gary / Emile Ajar est considérée comme la plus grande mystification littéraire du XXe siècle. À l'époque, c'est le cousin du romancier qui endosse le rôle d'Ajar en signant les contrats ou en répondant aux interviews. Paul Pavlowitch raconte aujourd'hui ses souvenirs.

Dans ‘‘Tous immortels’’, Paul Pavlowitch « tient à jour le service des disparus ». C'est ainsi qu'il résume son entreprise. Ainsi sont convoqués tout au long de ces pages, les membres de sa famille et puis ce cousin qui le considérait comme son neveu (il trouvait plus simple de le présenter ainsi) et qui n'était autre que Romain Gary.
« Je ne pourrai jamais m’acquitter de ce que je lui dois » écrit l'auteur page 134. Et il s'en explique dans Marque-Page : « Je lui dois la forme de ma vie. J'ai rencontré Romain quand j'étais enfant (...) et au fil de ma jeunesse et du temps qui passait, il est devenu comme un tonton d'Amérique. »
Un tonton qui l'a pourtant mis dans une situation inextricable en lui faisant endosser le double littéraire qu’il avait créé, Emile Ajar. Tout cela est raconté dans le livre et c’est absolument ahurissant, comme si Romain Gary faisait de sa vie la fiction la plus complexe qu’il n’ait jamais inventé.

« C'était un homme qui vivait grâce à ses futures fictions. Et passant de personnage en personnage, il a décidé un jour qu'il allait inventer un auteur (...). Il était par ailleurs consul, compagnon de la libération, il avait donc un passé réel assez important mais ça ne faisait rien, il avait décidé d'inventer autre chose et moi j'étais très impressionné. »

À l'époque, Paul Pavlowitch prend des notes dans ses carnets, retranscrit les discussions avec Romain Gary ou avec sa seconde épouse, la comédienne Jean Seberg, dont lui et sa femme furent également très proches. Il fait donc revivre dans ce livre ces deux grands personnages et leur destin tragique.
‘‘Tous immortels’’ publié aux éditions Buchet Chastel constitue au final un très joli voyage contre l’oubli.