''Tout ira bien'' de Laurent Nunez

Il y a le cousin qui part en quête des reliques sacrées, et notamment du Saint Prépuce. Il y a la tante qui interprète les rêves par Minitel. Ou encore la mère qui cache des pièces de monnaie dans des pâtes à crêpes. La famille de Laurent Nunez méritait un livre. C'est chose faite !

« Ma propre famille m'a entouré, lorsque j'étais enfant, de gestes adorables mais très étranges », raconte l'auteur : « Ils avaient des solutions à tout, pour rester riche, pour rester en forme, pour être vivant, pour être heureux. J'ignorais que ces solutions étaient toutes fausses parce que toutes superstitieuses. »

On lui fait donc manger un plat de lentilles chaque mois pour devenir riche. Porter du rouge, et en particulier des chaussettes, pour faire bonne impression. Et on n'écoute pas Edith Piaf parce que Marcel Cerdan, parrain de sa mère, est décédé en voulant retrouver la chanteuse. Si tout cela prête à rire et est raconté par l'auteur avec beaucoup de tendresse, une certaine gravité se dégage petit à petit de cette quête de merveilleux : « Quand j'ai enquêté, j'ai compris qu'ils étaient partis du Maroc à la fin du protectorat dans les années 70 et qu'ils avaient énormément souffert de quitter ce pays qu'ils chérissaient. Ils étaient rentrés en France les valises vides mais pleines de toutes ces superstitions qui étaient comme l'air de leur propre pays. »

Ce portrait familial se termine par un deuil qui va bouleverser les lecteurs. ‘‘Tout ira bien’’ publié chez Rivage est donc un livre qui contient tous les remèdes de la Terre pour tenter de déjouer les coups du sort, remèdes qui ne marchent pas vraiment mais qui, à coup sûr, fabriquent un très joli livre.