‘‘Tu m'as volé mon étoile’’ de Jean Nainchrik

Pour ce roman intime et pudique, le producteur, ancien journaliste devenu écrivain, s'est inspiré de sa propre histoire d'amour avec un jeune homme rencontré à 17 ans. Une lettre retrouvée des décennies plus tard ravive ce souvenir marquant d'une époque où vivre une relation homosexuelle au grand jour était impossible.

Jean Nainchrik, connu pour son parcours éclectique d'ingénieur, de journaliste et de producteur, devient, à plus de 80 ans, écrivain. Dans ‘‘Tu m'as volé mon étoile’’, publié chez Récamier, il revient sur une histoire d'amour qui a marqué sa vie. Tout débute quand il redécouvre, durant le confinement, une lettre reçue 50 ans plus tôt : « C'est une lettre que j'ai reçue d'un garçon qui s'appelait Léo, avec qui j'ai fait mes études. Nous avons passé le bac ensemble, il était magnifique, on avait 17 ans. » Leur histoire d'amour dure le temps d'un voyage en Italie, mais la vie les sépare aussitôt.

Quinze ans plus tard, Jean Nainchrik reçoit cette fameuse lettre de Léo qui lui confie son amour : « J'étais absolument bouleversé parce que je ne l'avais jamais revu. » Lorsqu'il se rend à l'adresse inscrite au dos du pli, il rencontre la mère de Léo qui lui annonce que son fils est parti couvrir la guerre du Kippour en tant que reporter-photographe : « Elle m'a téléphoné 48 heures après pour me dire qu'il avait été blessé, qu'il avait été rapatrié à l'hôpital. Et puis finalement, il est disparu, il est mort. »

L'écrivain exprime son profond regret d'avoir vécu à une époque où une relation homosexuelle n'était pas envisageable au grand jour. « Quand je pense qu'aujourd'hui, on peut se marier avec un homme, avoir un enfant avec lui, comment ça aurait été formidable de faire tout ça, je vis avec ce regret », écrit Jean Nainchrik. Ce dernier nous offre avec ‘‘Tu m'as volé mon étoile’’, un très beau roman, à la fois poétique et pudique : « Je le donne en partage à tout le monde. C'est une façon de faire vivre cette histoire que je n'ai pas pu partager avec lui. »