"Faire les sucres" de Fanny Britt

Tout démarre le jour où Adam, l'un des héros, « a failli mourir ». C'est ainsi qu'il le formule à plusieurs reprises. « Un jour, explique Fanny Britt, cet homme qui a beaucoup de succès entre en collision, en faisant du surf, avec une jeune femme. Lui, subit très peu de dommages. Mais elle sera blessée physiquement. Et ça va créer une fissure en lui qui va le laisser terrorisé par la vacuité de son existence. »

L'autrice met en scène des personnages arrogants et un peu agaçants qu'elle parvient à rendre attachants pour mieux interroger la question des privilèges : « C'est un kaléidoscope de personnages qui se trouvent à plusieurs endroits du spectre des privilèges et qui montre toute la complexité de ces rapports là. On est toujours le privilégié de quelqu'un d'autre. »

Pour ce roman, Fanny Britt, qui est surtout connue au Québec pour ses pièces de théâtre et ses albums jeunesse, s'est vue décerner le plus prestigieux prix littéraire du Canada. Alors même que la partition n'est pas aisée pour elle : « C'est la forme d'écriture dans laquelle je plonge avec le plus de crainte ! L'écriture de romans est le plus grand défi pour moi parce que c'est beaucoup de solitude (...) C'est comme traverser une forêt, mais c'est aussi la forme d'écriture dans laquelle je vais le plus à la rencontre de moi-même. »

« Faire les sucres » de Fanny Britt, publié chez Flammarion, est au final un roman où la douceur du sirop d'érable ne parvient pas à masquer l'acidité de la vie. C'est ce qui en fait toute sa complexité sucrée-salée.