« Le Dernier Bain de Gustave Flaubert » de Régis Jauffret

Plus d’un siècle sépare Flaubert et Jauffret et pourtant ce roman met en lumière leur obsession commune : la pureté du style.

Gustave Flaubert prit un bain avant de mourir. Voilà ce que l’on sait. Pour le reste, c’est Régis Jauffret qui comble les trous et imagine l’heure d’agonie qu’a vécu l’auteur de « Madame Bovary », obnubilé, encore et toujours, par sa quête du style parfait. « Il savait que les larmes avaient d’abord été inventées pour cet usage : une répétition de plus. Un crime supplémentaire ». Voilà ce qu’écrit Régis Jauffret page 230 de son admirable roman.

Cette recherche de style, c’est un point commun entre les deux hommes : « Cette obsession, je l’ai eue longtemps et je continue de l’avoir » nous a confié Régis Jauffret dans « Marque-Page ». « Flaubert m’a marqué parce que j’ai lu sa correspondance quand j’étais jeune, et il parle de mécanique littéraire, comme un mécanicien qui démonterait sa voiture. Donc il parle du style et de sa manière d’écrire. »

Régis Jauffret démontre lui aussi, au gré de trouvailles stylistiques et poétiques, sa maîtrise du sujet. À travers deux parties, l’une écrite à la première personne du singulier, et l’autre à la troisième, il explore la vie et la psyché de Flaubert. Avant de nous offrir, en dernière partie, un chutier, composé de tous les passages qu’il a coupés et qui s’avèrent passionnants. « Ce ne sont pas du tout des brouillons (…), ce sont des passages qui me tiennent fort à cœur, sur le style ou sur la liberté d’expression en France (…). Et peut-être que les deux paragraphes les plus importants de ce livre sont les deux derniers qui appartiennent à ce chutier. »

« Le Dernier Bain de Gustave Flaubert » de Régis Jauffret au Seuil est un merveilleux livre sur le métier d’écrivain, sur les tourments de la création et peut-être tout simplement sur le génie.