« Téléréalité » d’Aurélien Bellanger

L’auteur de « La Théorie de l’Information » et de « L’Aménagement du Territoire » interroge la toute-puissance de la télévision, à la fin du siècle dernier, et son inéluctable déclin.

Page 187 de « Téléréalité », il est question de l’objet central du livre : l’émission Loft Story. Deux personnages discutent, l’un d’eux est le producteur de ce programme - le double romanesque de Stéphane Courbit baptisé ici Sébastien Bitereau - et l’autre lui dit : « Tu as offert à la télévision l’œuvre d’art qui lui manquait ». Cette émission qui a fait couler autant d’encre aurait donc une portée artistique ? Aurélien Bellanger persiste et signe dans Marque-Page. « Avec cette émission, c’est la première fois que la télévision invente un genre propre, qu’elle ne va pas chercher quelque chose du côté du théâtre ou du cinéma. Elle invente quelque chose qui est un spectacle télévisuel total. »

Aurélien Bellanger nous raconte ici la grande saga de la télévision, des années 80 à aujourd’hui, avec ses animateurs rois, ses producteurs qui prirent l’Europe entière pour terrain de jeu, et ses téléspectateurs devenus partie prenante – ou du moins en ont-ils l’illusion – avec l’avènement de la téléréalité. L’écrivain ne pose pourtant aucun jugement normatif sur son objet. « Oui la télé est bête, mais si on veut comprendre, avoir un instantané de ce qu’a été une époque, une vieille publicité Boursin des années 70 nous apprend peut-être plus de choses qu’une thèse sociologique. »

Avec ‘‘Téléréalité’’ paru chez Gallimard, Aurélien Bellanger poursuit son analyse de notre monde contemporain, et signe un livre alerte, intelligent et passionnant pour nous raconter ce que fut la télé et ce qu’elle ne sera plus jamais.