''Tombée du ciel'' d'Alice Develey

« Mon enfance est morte dans cette chambre, carrée parfait aux dimensions de caveau, où tous mes cris blancs resteront enterrés » écrit Alice Develey page 268. Cette chambre hante les souvenirs de l'autrice. « C'est une chambre d'isolement dans laquelle j'ai été enfermée pendant des semaines quand j'ai été hospitalisée en pédopsychiatrie à 14 ans. Je souffrais d'anorexie et les soignants n'avaient rien trouvé de mieux que de m'attacher à un lit, au niveau du ventre, des poignets et des chevilles. »

Alice Develey se sert aujourd'hui de cette expérience pour signer un roman déchirant sur la maladie, les mauvais traitements que peuvent subir les patients, et sur les liens qui se tissent dans les unités de pédopsychiatrie. « L'adolescence est un âge où l'on est censé déployer ses ailes et parcourir le monde. Et ces jeunes patientes ont été freinées dans leur aventure ; elles sont tombées de leur ciel, un peu comme Icare. Donc, je décris ces rencontres, ce quotidien qui est fait de répétitions et d'enfermement. Et comment on devient les meilleures amies du monde lorsque la souffrance nous rapproche. »

Ce livre est également un brûlot sur la façon dont sont traitées les pathologies mentales. « Ce que je raconte est insupportable parce que la vérité est insupportable. Je pense qu'il y a beaucoup de médecins qui veulent bien faire mais qui manquent cruellement de moyens et qui deviennent maltraitants. Et moi, je suis tombée sur des médecins ou en tous les cas des soignants qui étaient souvent ignorants, désemparés et qui, à défaut de ne rien faire, ont mal fait. »

Grâce à ce roman qui décrit avec une infinie poésie la souffrance d'une adolescente, Alice Develey fait une entrée très remarquée sur la scène littéraire.