Philippe Jaroussky fête ses 25 ans avec "Gelosia", entre chant et direction

Après 25 ans de carrière, Philippe Jaroussky n’est plus seulement chanteur. Depuis 2021, il développe aussi une activité de chef d'orchestre. « Cette nouvelle activité de chef va peut-être me permettre de garder ma voix plus longtemps parce que ça me fait des pauses », explique-t-il. La voix ainsi se repose et évite la fatigue que le contre-ténor a parfois rencontré au pic de sa carrière.

Son nouvel album, ‘‘Gelosia’’ (paru chez Erato), rassemble des cantates, œuvres profanes, presque des mini opéras, qui se jouaient pour séduire ou remercier les mécènes au cœur du XVIIIᵉ siècle dans les salons en Italie. Chacune des cantates de l'album évoque la jalousie, sentiment passionnant à incarner, car il convoque tantôt le dépit, tantôt la frustration, ou l'abattement, toute une palette à explorer vocalement pour le chanteur de 47 ans, dont les notes graves sont remarquablement amples et colorées sur ce nouvel opus. Avec l'âge, le contre-ténor développe sa voix de baryton.

Deux premières mondiales figurent sur ce disque : des mises en musique de ‘‘La Gelosia’’ de Métastase, par Porpora et Galuppi. Mais Philippe Jaroussky y interprète aussi Haendel, Scarlatti et Vivaldi, tout en dirigeant son ensemble Artaserse. Parmi les pièces marquantes, la cantate ‘‘Cessate, omai cessate’’ de Vivaldi, connue, mais encore jamais enregistrée par le chanteur. C'est « Celle qui exprime le plus la colère. C'est vraiment un chef-d'œuvre. Et on reconnait le style vivaldien en deux note ! », confie-t-il.

Pour Philippe Jaroussky, qui jette un regard de défi, une rose à la main sur la pochette de l'album, la jalousie est un thème universel : « Être trop jaloux, c'est quelque part vouloir dire à l'autre qu'il est sa propriété. Et oui, la jalousie, c'est un sentiment dont il faut se méfier parce qu'on peut le considérer au départ comme un grand témoignage d'amour. Mais c'est souvent quand même très destructeur. »