Surtourisme à Lisbonne : les habitants privés de leurs tramways
Véritables icônes de la ville, les tramways historiques de Lisbonne sont de plus en plus accaparés par les touristes, au détriment des habitants qui peinent à trouver leur place dans ces véhicules surchargés. Malgré des efforts pour améliorer la situation, le surtourisme affecte profondément la vie quotidienne dans la capitale portugaise comme dans d'autres villes touristiques européennes.
Dernière modification : 25/10/2024 14:58

Image d'illustration
Ces tramways, au charme d'antan avec leur plancher en bois et leurs fenêtres guillotine, traversent des quartiers pittoresques en grimpant les collines abruptes de la ville. Ils longent les murs des bâtiments aux couleurs pastel ou offrent des vues époustouflantes sur l’estuaire du Tage. Mais face à l'engouement touristique, la situation devient invivable pour les résidents. « Le tramway ? C'est plus pour nous. C'est réservé aux touristes ! » s'indigne Luisa Costa, habitante du quartier populaire de la Mouraria.
Pour répondre à cette pression, la société des transports Carris a mis en place des minibus électriques pour les riverains. Des tramways rouges, dédiés aux touristes, ont également été introduits, mais ces derniers sont moins prisés en raison de tarifs beaucoup plus élevés. Toutefois, ces mesures n'ont pas permis d'alléger la situation, selon Fatima Valente, une retraitée de 82 ans, qui constate que « la situation ne cesse d'empirer ».
En 2023, Lisbonne a accueilli près de 9 millions de visiteurs, un chiffre qui exacerbe les tensions entre résidents et touristes. Dans une tribune publiée début octobre, la journaliste Fernanda Cancio n'a pas hésité à qualifier les tramways de « jouets pour les touristes », critiquant leur utilisation pour alimenter « les stories Instagram » au détriment des habitants qui en ont réellement besoin.
Reconnaissant les difficultés de cohabitation, Ema Favila Vieira, une responsable chez Carris, souligne les efforts pour réactiver certaines lignes abandonnées dans les années 1950. « La tendance aujourd'hui est de récupérer les infrastructures là où c'est possible de le faire », explique-t-elle. En plus de préserver un mode de transport moins polluant, ces tramways historiques représentent un élément clé du patrimoine lisboète, malgré les tensions croissantes entre habitants et touristes.