« Chavirer » de Lola Lafon
date 30/09/2020 - 10:08 | micro_reportage Francine Thomas
La romancière, qui avait rencontré un grand succès avec La Petite Communiste Qui Ne Souriait Jamais (2014), frappe fort en cette rentrée littéraire : son nouveau livre Chavirer suscite l’enthousiasme des critiques, des libraires et vient d'être sélectionné pour les prix Goncourt et Fémina 2020 !
© Lynn SK
"Chavirer" de Lola Lafon
"Chavirer" de Lola Lafon
play
0:00
0:00
volume-high
« Cléo aurait treize ans pour l’éternité. Elle se cognait à chacun des angles morts de cette éternité ». Cette jeune adolescente, héroïne de Chavirer, se trouve en effet condamnée à une perpétuité de culpabilité, parce qu’un jour, elle devient la proie d’un système de prédation sexuelle. Recrutée par une mystérieuse femme, qui lui fait miroiter l’octroi d’une bourse pour devenir danseuse, elle tombe dans les griffes de pédophiles, et se voit contrainte d’elle-même à recruter d’autres jeunes filles. Ce système, qu’elle n’osera jamais dénoncer la ronge. « Le silence, il a tué je pense pendant des années, et en tout cas, il ensevelit des milliers de vies de femmes (…) On ne peut que se réjouir de ce qu’on appelle la libération de la parole qui, pour moi, signifie plutôt : enfin, on entend ».
Chavirer est donc le roman du silence et de la culpabilité. Il est aussi celui du mépris de classe. Cléo, jeune adolescente issue de la classe moyenne, va devenir danseuse sur les plateaux télé de Michel Drucker, et meneuse de revue. Lola Lafon écrit de très belles lignes sur le Modern Jazz et la culture populaire, mais aussi sur le dédain qu’ils suscitent : « c’est une question de qui décrète quoi. Qui décrète ce qui est beau ? Qui décrète ce qui est de bon goût ? Vous savez quand on dit ça c’est de bon goût, c’est toujours la bourgeoisie qui parle, il faut avoir du temps et de l’argent pour avoir une éducation artistique. »
Chavirer, de Lola Lafon, publié chez Actes Sud, c’est un immense coup de cœur de cette rentrée littéraire, un récit tendu beau et émouvant comme l’arabesque d’une danseuse dans une émission de Michel Drucker un samedi soir.
Chavirer est donc le roman du silence et de la culpabilité. Il est aussi celui du mépris de classe. Cléo, jeune adolescente issue de la classe moyenne, va devenir danseuse sur les plateaux télé de Michel Drucker, et meneuse de revue. Lola Lafon écrit de très belles lignes sur le Modern Jazz et la culture populaire, mais aussi sur le dédain qu’ils suscitent : « c’est une question de qui décrète quoi. Qui décrète ce qui est beau ? Qui décrète ce qui est de bon goût ? Vous savez quand on dit ça c’est de bon goût, c’est toujours la bourgeoisie qui parle, il faut avoir du temps et de l’argent pour avoir une éducation artistique. »
Chavirer, de Lola Lafon, publié chez Actes Sud, c’est un immense coup de cœur de cette rentrée littéraire, un récit tendu beau et émouvant comme l’arabesque d’une danseuse dans une émission de Michel Drucker un samedi soir.
A voir aussi