Jean-Philippe Collard : la magie Bach-Busoni

Le pianiste Jean-Philippe Collard parle de ‘‘révélation sonore’’ quand il a découvert les partitions de Ferruccio Busoni. En 1920, ce compositeur et pédagogue italien a transcrit des œuvres pour orgue de Bach pour le piano. Des transcriptions tellement riches que le piano, avec ses 88 touches et ses 3 pédales, semble se muer en un orgue de 3, 4 voire 5 claviers et un pédalier. C’est ce qui se passe sur le nouvel album de Jean-Philippe Collard, ‘‘Plein jeu’’ paru chez La Dolce Volta, où il joue Busoni revisitant Bach, et le résultat est lumineux.

Jean-Philippe Collard insiste sur la richesse de ces partitions : « Avec le système des résonances, et ces magnifiques accords que Busoni a trouvés pour redonner l'esprit de la musique de Jean Sébastien Bach, c'est tout à fait prodigieux. Alors on se prend pour un organiste à la tribune... Le pédalier est intégré aux deux mains et ça donne un taux d'emploi, si j'ose dire, de mes 10 doigts qui est absolument considérable. Ils n'arrêtent pas ! »

Il relie aussi ce travail à sa propre histoire familiale : « Dans ma famille, il y avait beaucoup d'organistes et de musiciens d'église. Donc ces œuvres, je les ai entendues jouées par mon père, organiste amateur, qui me faisait signe le dimanche matin en me disant ‘‘viens donc parce que j'ai des notes que je n'arrive pas à jouer, ça serait bien si tu venais me donner un petit coup de main’’. Tout ça, c'est dans mon oreille. »

Cette expérience musicale est pour le pianiste de 77 ans une manière de revenir à ses origines : « Chaque phrase de cette musique me ramène inévitablement à mon éducation musicale, à ma famille. Donc j'y vois comme une petite boucle qui se promène. Est-ce qu'elle est fermée ? Je n'en suis pas convaincu. Mais en tout cas, si c'était le cas, elle serait bien fermée. »

Retrouvez Jean-Philippe Collard en concert à la Salle Cortot à Paris le 6 octobre, à Arles le 26 octobre, et à Saint-Etienne le 18 mars.